Pouvez-vous vous présenter ainsi que votre collectivité ?
En 2017, j’ai été nommé président de la Commission intercommunale d’accessibilité dans le cadre de la fusion de dix entités locales (huit communautés de communes et deux communautés d’agglomération). Dès lors, j’ai pu collaborer étroitement avec des chargées de mission, notamment Madame Sarthou, dont l’expertise a été déterminante dès le début de notre projet commun. En 2020, j’ai été nommé vice-président, chargé conjointement du tourisme durable et de l’accessibilité universelle du territoire. Notre Communauté d’agglomération du Pays Basque se distingue par sa dimension, regroupant environ 320 000 habitants sur près de 3000 km², et constitue une véritable grande famille qui œuvre avec détermination pour améliorer l’accessibilité dès aujourd’hui pour un meilleur demain.
Quels leviers organisationnels avez-vous mis en place et quels obstacles rencontrez vous dans la mise en œuvre de l’accessibilité numérique ?
Dès 2017, le niveau de référence en matière d’accessibilité numérique était bien inférieur à ce qu’il est aujourd’hui. Pour progresser, nous avons structuré notre dispositif autour d’une mission dédiée à l’accessibilité, portée par deux chargés de mission et coordonnée par la Commission intercommunale d’accessibilité, laquelle travaille en réseau avec les commissions communales sur le terrain. Par ailleurs, je supervise un réseau regroupant 15 communes de plus de 5000 habitants, garantissant ainsi une cohérence territoriale sur un ensemble très hétérogène.
Nous bénéficions également, depuis 2018, de l’intervention de deux référentes en accessibilité qui collaborent avec l’ensemble des directions. Ce travail en binôme, associant élus et techniciens ou experts, est indispensable pour rompre avec l’organisation en silos et adopter une démarche transversale. Toutefois, des défis subsistent. Sur le plan technique, j’ai constaté, notamment sur les sites de l’Office de tourisme et de la Communauté d’agglomération, que certains prestataires, malgré leurs déclarations d’expertise, obtiennent des résultats en deçà de nos exigences. J’ai même fait l’objet de critiques pour avoir recherché la compétence au-delà de notre territoire, une démarche que je considère nécessaire afin d’accéder à l’excellence. Pour pallier ces insuffisances, nous avons financé un accompagnement spécifique pour certains prestataires locaux, qui doivent se former afin de répondre aux critères rigoureux définis dans des cahiers des charges élaborés par des spécialistes. Cette exigence de qualité est primordiale pour répondre aux besoins des associations et des citoyens qui se battent quotidiennement pour l’accessibilité.
Comment évaluez vous l’impact de vos actions et quelles perspectives pour les prochaines années ?
En tant qu’enseignant, la notion d’évaluation me tient particulièrement à cœur. Nous avons mis en place divers marqueurs pour mesurer l’impact de nos actions, même si la collecte de données demeure un enjeu, notamment pour évaluer précisément l’usage par les personnes sourdes ou malentendantes. Il est essentiel d’objectiver nos actions pour déterminer, par exemple, leur portée réelle, et déconstruire les stéréotypes relatifs au handicap (qui se résument trop souvent à l’image de l’aveugle complet). L’accessibilité numérique ne se limite pas à des ajustements techniques, tels que l’amélioration des contrastes, mais vise à faciliter l’accès à l’information de manière globale et inclusive, à l’instar des adaptations rendues nécessaires pour d’autres types d’accessibilité dans l’environnement physique.
De plus, la diffusion d’expériences et le partage des bonnes pratiques sont au cœur de notre démarche. Grâce à la mission accessibilité, j’ai pu rencontrer le groupe de travail des référents accessibilité des villes inclusives (GT-RAVI, animé par le CEREMA) et constater que le Pays Basque jouit d’un léger avantage en la matière. Nos échanges avec d’autres acteurs – métropoles, communautés urbaines et villes – démontrent que l’accessibilité numérique s’impose désormais comme un quatrième grand pilier aux côtés du bâtiment, de la voirie et des transports. Par ailleurs, la visite programmée de Madame Saurat, déléguée interministérielle à l’accessibilité, est une reconnaissance encourageante de nos initiatives.
Pour les cinq années à venir, mon souhait est de voir cette dynamique se renforcer et s’enrichir. L’accessibilité demeure avant tout une aventure humaine : l’engagement de chacun, qu’il s’agisse des élus, techniciens ou chargés de mission, est essentiel pour pérenniser notre politique publique. Il est vital de continuer à s’inspirer des expériences d’autres territoires et de veiller à ce que l’accessibilité soit une préoccupation centrale et partagée par l’ensemble des services, à l’image de la valorisation de la langue basque dans notre quotidien professionnel.